« Rien n’est fermé à qui reconnaît simplement les conditions matérielles de la pensée. « Cette phrase de Georges Bataille était restée dans ma mémoire. J’ai lu LA PART MAUDITE il y a 40 ans. Je viens d’y remettre le nez et d’y retrouver le passage en question.
Certainement les bases juridiques de la production industrielle ne peuvent être maintenues. De toutes façons, de tous côtés, le monde actuel appelle de rapides changements. Jamais à beaucoup près la terre ne fut animée de cette multiplicité de mouvements vertigineux. Bien entendu, jamais non plus l’horizon n’apparut aussi lourd de grandes et soudaines catastrophes. Faut-il le dire ? (…) (Il se peut même obscurément que l’humanité aspire à fonder sur une négation aussi achevée du désordre avare.) Mais, sans manifester plus d’effroi — puisque la mort remédie vite à la souffrance intolérable —, il est temps de se retourner sur ce monde et d’en apercevoir les possibilités multipliées. Rien n’est fermé à qui reconnaît simplement les conditions matérielles de la pensée. Et c’est de toutes parts et de toutes façons que le monde invite l’homme à le changer. (…) Mais s’il a ses problèmes propres à résoudra, il a mieux à faire qu’à maudire aveuglément, qu’à crier une détresse que commandent ses contradictions multipliées. Qu’il s’efforce de comprendre ou mieux qu’il admire la cruelle énergie de ceux qui défoncèrent le sol russe, il sera plus proche des tâches qui l’attendent. Car c’est de toutes parts et de toutes façons qu’un monde en mouvement veut être changé.