MEDIAPART, le parti des médias

Médiapart s’est présenté en 2008 comme un média participatif. Certes, la possibilité de tenir un blog est offerte à chaque abonné payant. Ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui. Mais on est en droit de se demander, après 10 ans d’existence, à quoi participe réellementMédiapart ?

D’abord, le parti des médias.

Même s’il fait profession de « faire média à part », il participe en réalité de la comédie médiatique, et il y participe dans la mesure de ses moyens. Il n’a pas réussi à supplanter le Canard Enchaîné dans le registre de l’investigation et s’est juste hissé au niveau de la cellule de France Info.

Médiapart est donc, comme le suggère le nom que lui ont choisi ses créateurs, une des enseignes du parti des médias, en concurrence commerciale avec Le Monde, L’Obs, L’Express, Le Point, Valeurs Actuelles, Paris Match, BFM, LCI, etc…Tous ces titres, et même d’autres moins connus, prétendent incarner, n’ayons pas peur des mots, le quatrième pouvoir.

Ce quatrième pouvoir avait été imaginé par Burke, dit-on en 1787. La gazetiers d’alors s’étaient imaginés chargés d’une mission sacrée : contrebalancer les trois pouvoirs théorisés par Montesquieu. Mais déjà en 1840, Balzac persiflait : « LA PRESSE est en France un quatrième pouvoir dans l’Etat : elle attaque tout, et personne ne l’attaque. Elle blâme à tort et à travers, elle prétend que les hommes politiques et littéraires lui appartiennent et ne veut pas qu’il y ait réciprocité ; ses hommes à elle doivent être sacrés ». Et désormais, dans les « démocraties libérales », ce quatrième pouvoir, s’il s’oppose encore à quelques abus de pouvoir, s’est investi d’une nouvelle mission, particulièrement en France : pouvoir dire oui aux réformes que le pouvoir entreprend, les « accompagner », comme on dit en langage managérial.

Cette évolution ne date pas d’hier. Lisez (ou relisez) le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu. Ou, plus près de nous Le viol des foules par la propagande politique, Le mensonge cru ou Les nouveaux chiens de garde.

Ensuite, le messianisme d’une gauche introuvable.

Le fondateur de Médiapart s’est toujours pensé comme une « conscience de gauche », un « arbitre des élégances » de la gauche bien-pensante. Il y a une constance dans l’idée qu’il a de lui depuis ses débuts à Rouge : un Lénine disant la Pravda dans son Iskra, écrivant sans fin, non pas un Que faire ?, mais un Comment faire ?

Comment faire de gauche ? C’est en répondant à cette question qu’il a contribuer à faire élire Macron en 2017 : « nous n’avons pas d’autre choix que de voter Emmanuel Macron. Et ce d’autant moins que l’accident électoral est plus que jamais possible, cette arrivée au pouvoir d’une force foncièrement anti-démocratique par le résultat d’un vote démocratique. (…)

Dire que ce risque existe, ce n’est aucunement faire un chantage au vote utile. »[i]

Depuis l’été 2018, il veut donner une petite leçon à ce jeune président qui ne lui a pas suffisamment fait montre de gratitude. Mais, ce soutien qu’il lui a apporté en 2017, il le lui apportera en 2022 si, comme le prévoient les experts en prévision, l’histoire se répète ou bégaie.

Pour éviter une telle éventualité, il s’évertue à promouvoir « une vraie gauche ». Il s’imagine « noyauter » une mouvance qui irait des débris du PS à ceux de la LCR, en agglomérant même des bureaucrates du PC et de EELV.

La politique de Médiapart tient dans cette illusion et, faute de s’imposer comme alternative crédible, cette « deuxième gauche » fait ce qu’elle sait faire de mieux : elle exerce son pouvoir de nuisance contre la France Insoumise. Il faut reconnaître que dans cette mission-là, elle n’est sans rencontrer quelques succès. Et peut-être les européennes seront-elles pour cette gauche navrante une occasion de triompher ?

Et toi, d’où tu parles ?

L’hostilité entre la France Insoumise et Médiapart pourrait être ramenée à une vieille rancune de leurs leaders, issus de deux branches concurrentes du trotskysme, l’OCI et la LCR. Mais ce serait un peu court.

Je n’ai jamais été trotskyste. J’ai un peu lu ce prophète du XXème siècle, mais j’ai toujours gardé à l’esprit que, lorsqu’il n’était pas encore désarmé, il avait été le massacreur des marins de Cronstadt.

J’ai voté Mélenchon une fois, sans illusion et sans regret. Je n’ignore pas ses travers, mais j’ai du respect pour ce qu’il a fait : quitter le PS, tardivement sans doute, et fonder une alternative réformiste crédible et la seule organisation de gauche qui ait su retrouver une base populaire.

Je n’ai pas voté Macron et je ne regrette pas ce choix, bien au contraire.

Pendant trois ans, j’ai publié quelques petits billets sur Médiapart. Ce sera le dernier sous le règne d’Edwy Plenel.

Quelques militants insoumis pensent, ou ont pensé, faire de la propagande sur Médiapart. Je ne suis pas un militant. Je n’ai pas participé à la consultation visant à se désabonner ou non.

Cependant il faut faire des choix dans la vie. J’ai simplement décidé de ne plus financer Médiapart, dont je ne partage ni l’idéologie ni la stratégie politique.

(à suivre, mais ici)


[i] Edwy Plenel le 1er mai 2017, Dire non au désastre https://urlz.fr/8ZwU

2 réflexions sur « MEDIAPART, le parti des médias »

  1. Excellent, moi je n’ai pas eu à résilier mon abonnement Plenel n’a pas aimé mes derniers billets donc privation de 3 mois de mes droits participatifs.

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  2. J’ai un blog sur média-part,, personne ne le lit, il n’est pas accessible, il est dans une boite noire
    enfin je ne met que des démonstrations mathématiques qui remettent en cause le paradigme
    actuel . il peut exister une autre science

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